Massimo, 19 ans
« Pourquoi as-tu choisi la boxe de rue ? Est-ce que ce n’est pas trop violent ? Quand est-ce que tu montes sur le ring ? Et qu’est-ce que ça t’apporte si tu ne fais pas de compétitions ? » Voici des questions que j’ai pu régulièrement entendre dans des conversations de tous les jours, en privé ou entre sportifs.
Cela me paraît si évident, cette discipline étant, pour moi, une fin en soi. Je m’appelle Massimo, j’ai maintenant 19 ans, je suis étudiant au lycée Henri Wallon de Valenciennes (59). Passionné de sport de combat et d’arts martiaux depuis que j’ai lu de vieilles coupures de journaux sur mon père qui était champion de France de judo, j’ai débuté par l’aïkido à l’âge de 10 ans pendant trois ans. Plus tard et suite à un déménagement, j’ai du cesser cette pratique. Durant cette période, j’ai eu l’occasion d’essayer de nombreuses méthodes d’arts martiaux et des sports de combat : autant les sports de percussions comme le karaté, le Ji pai , la savate ou encore la boxe anglaise que des sports d’appréhension comme le judo, la lutte et l’hakko denshin ryu jujutsu. Voilà, cette période d’instabilité a duré environ deux ans.
Durant cette période, j’ai aussi connu le taekwondo. Dans cette pratique, j’ai pris de l’assurance. Dans ces années à la salle de taekwondo, j’étais le premier à arriver et le dernier à partir, avec des entraînements à la « Spartiate ». Tout le temps à se donner à fond pour être un guerrier ! Cela a duré plus de 6 ans. En bon pratiquant, durant une démonstration de taekwondo dont j’assurais le déroulement, j’ai était abordé par un petit homme (qui d’ailleurs ne ressemblait pas à grand-chose !). Il a commencé à vouloir se battre avec moi. J’ai refusé, non pas avec une grande méfiance car j’avais ce qu’aujourd’hui j’appelle le « syndrome de la ceinture rouge », un excès d’assurance, mais plutôt avec une certaine fatigue et peu de motivation. Cette personne m’a donné un low kick qui s’est écrasé sur ma jambe d’appui : je me suis écroulé, puis je me suis relevé très vite et j’ai lui donné un crochet (une technique que je n’utilisais jamais). On nous a séparé et je suis rentré chez moi avec bien des difficultés !
Un doute a commencé à prendre prise sur moi : la scène se déroulait encore dans ma tête. J’avais présupposé certaines choses sur mon adversaire, je n’avais pas été vigilant sur mon environnement… J’ai compris qu’un « entraînement à la Spartiate » ne me suffisait pas et qu’il me manquait un je-ne-sais-quoi qui m’aurait permis d’éviter ce vide sidéral que j’ai ressenti lors de cette agression. Certes, en tenant compte de mon âge, je sais que ce n’était pas une agression à « pulsion meurtrière », mais plus une agression de la part d’un individu frustré avec un certain désir de reconnaissance. Tout de même, le stress et la résurgence de l’inhibition m’ont envahi. Comprenant que le plus grand des savoirs était d’abord de comprendre qu’on ne sait rien, cela a été le début d’une révélation…
A ce moment, j’ai compris que le plus grand des entraîneurs (et je pense que tous les entraîneurs que j’ai eu seraient d’accord avec moi), c’est le terrain. Le Dojo, mais aussi la rue : le comportement des gens face à des situations. J’ai, à cette époque, rencontré ma compagne, dont Éric Quequet dira plus tard que « ce n’est pas une femme facile ». Ma compagne pratiquait alors à l’Association de Défenses Personnelles du Hainaut depuis un an et elle m’a proposé de passer lors d’un stage animé par Éric Quequet. Après ce stage, je me suis trouvé un peu déstabilisé. Il y avait plein d’exercices que je ne connaissais pas… C’est donc avec un recul prudent, mais une certaine curiosité que j’en ai essayé certains pour gérer mon stress avec des amis.
Trois semaines ont passé et je suis retourné au complexe sportif Eugène Philippe pour assister à un cours de Boxe de rue de l’ADPH. Avec presque un quart d’heure de retard, m’étant trompé d’adresse, jentre dans la salle d’entraînement : le cours n’avait pas commencé et un « grand monsieur chauve et barbu » me regarde et me dit « Eh bah alors on t’attendait ! » avec un petit clin d’œil.
J’ai compris que ce monsieur assez étrange, en apparence stoïque, était plus qu’un entraîneur et que ce club était plus qu’un club ! Cet entraîneur est devenu aussi un ami, et l’ADPH une famille. Ce je-ne-sais-quoi que je cherchais est maintenant vide de sens, comblé par ce nouvel endroit, convivial, chaleureux. Là-bas, certains se démarquent par leur style, d’autres par leur technique, ou encore par leur philosophie et la conception qu’ils se font de la Défense de rue. Cependant, ces particularités sont mises de côté afin de viser un certain vivre ensemble avec des valeurs communes dans lesquelles tout individu et tout citoyen engagé se reconnaît : une profusion d’individus tous uniques ajoutant leur pierre à un édifice.
Le premier mois, j’ai pu constater que certaines lacunes (comme avoir peur d’un coup) ont passé. Je suis devenu plus fort, plus rapide, plus explosif et plus agile. J’ai commencé à esquiver des coups, à toucher sans me faire toucher… Et, toujours derrière moi, ce grand monsieur barbu d’1,83 m, Nicolas Dilly ! Il nous conseille et nous suit comme aucun autre ! Il m’a appris que « il n’y a pas de méthode miracle … que toujours et jamais n’existe pas en combat », et ce avec une grande humilité ! Ce père de famille de 37 ans n’hésite pas à nous conseiller et à nous écouter quand le besoin s’en vient.
Mis à part le mental sans faille et la technique herculéenne de mon coach (lol), il y a là-bas une famille, où les soucis du quotidien disparaissent pour laisser place au défoulement dans la bonne humeur et la sueur. On n’apprend pas à être le meilleur ni le plus fort, mais à survivre et en meilleure santé. Les valeurs de l’ADAC et son panel de techniques simples et utilisables sous stress, ainsi que conformes à la loi française : la plus réaliste que je connaisse. Pour comprendre ce que j’essaie de traduire, il faut le vivre ! C’est une expérience qui agit tel un vaccin… Alors, bon training !