×

La violence dans la rue – témoignage de Benoît

– Bonjour Benoît. Tout d’abord, quelques questions de présentation… Depuis combien de temps es-tu à l’ADAC ?

J’ai commencé la Défense de Rue à l’ADAC, il y a environs 10 ans, en même temps que la boxe Française que je pratiquais dans un autre club.
Très vite la diversité des techniques et le réalisme de l’enseignement de la Défense de Rue m’ont plu et j’ai arrêté la savate pour me concentrer sur la Défense de Rue. Je m’entraînais trois ou quatre fois par semaine avec Eric Quequet et j’ai passé mes grades et les formations d’enseignant.
Sur les conseils d’Eric, je suis allé boxer en parallèle dans d’autres clubs pour pratiquer d’autres boxes, thai, anglaise et savate, dans le but d’être le plus complet possible.

– Quelle est ta mission au sein de l’ADAC ?

Je suis membre du bureau de l’ADAC Paris et également formateur en Défense de Rue, je participe aussi au développement de l’ADAC FRANCE.

– As-tu déjà été agressé ? (Comment as-tu réagi ?)

Oui quand j’étais jeune, vers 14 ou 15 ans, le truc classique du racket dans rue. À cette époque, je me souviens d’avoir eu très peur sur le moment puis d’avoir été très en colère de ne pas avoir su me défendre… Vers 18-20 ans je me suis battu à plusieurs reprises, je m’en tirais pas toujours très bien, mon égo s’en portait mieux mais c’était pas l’idéal non plus… Ensuite j’ai commencé à pratiquer sérieusement les sports de combat et depuis, paradoxalement je n’ai plus été agressé ! Soit j’arrive à anticiper l’agression et à l’éviter, soit je trouve le moyen, avec la bonne attitude à être suffisamment dissuasif pour ne pas en venir aux mains.

– Quelle est pour toi une attitude « safe » dans la rue ?

L’attitude « safe » c’est d’être alerte, Jean Claude Vandame (notre mentor lol) dirait d’être « aware » ! Pour moi tout repose sur cette prise de conscience de son environnement et sur notre capacité à s’adapter rapidement aux événements qui pourraient survenir. A l’Académie des Arts de Combat on apprend le concept « cible dure – cible molle », c’est une idée extrêmement parlante, l’objectif n’est pas de faire des pratiquants des compétiteurs de freefight, mais des cibles très difficiles à agresser, car elles n’offrent pas ou peu de points faibles.
Dans la rue, l’attitude « safe » se traduit par une bonne capacité d’anticipation, une bonne gestion du stress et une connaissance fine de ses propres capacités pour ne pas se mettre en danger inutilement. Toutes ces compétences s’acquièrent dans les stages de l’ADAC et par un entrainement régulier en Défense de Rue.
 

– Quels sont les types d’agressions les plus courantes dans la rue ?

Contrairement à ce à quoi vous prépare la plupart des cours de self défense, les agressions les plus courantes dans la rue, ce sont les agressions verbales, les insultes et les menaces. Tout le monde n’a pas été agressé avec une arme dans la rue, mais tout le monde a déjà vécu plusieurs agressions verbales. Et ce n’est pas parce que ces agressions ne sont pas physiques qu’elles ne sont pas moins violentes et génératrices de stress.
Etre capable de négocier, d’éviter qu’une agression verbale ne se transforme en agression physique demande une bonne gestion du stress. Ce point est largement abordé dans les cours de Défense de Rue. L’entrainement physique, apprendre des techniques de self défense, de combat, participent à cet apprentissage de la gestion du stress et des conflits en augmentant la confiance en soi et le self control.
Les agressions physiques gratuites et les vols avec violence existent et il est possible de s’y préparer avec un entrainement régulier, comme il est possible de les anticiper en connaissant leur mécanismes et les stratégies mises en place par les délinquants.
L’Académie des Arts de Combat a intégré dans ses cours les différentes situations auxquelles vous pouvez être confrontés, notamment dans les stages de mise en situation CATS.

– Quelle est pour toi la meilleure réaction à avoir ?

Avant tout c’est de mettre son égo au fond de sa poche, l’égo c’est le truc qui vous met en danger inutilement. Ensuite c’est d’analyser rapidement la situation, ou d’être capable de temporiser pour vous donner plus de temps pour analyser, et savoir rapidement quelles issues sont possibles : la négociation, la fuite, le combat, la soumission, et d’en assumer les conséquences.

– As-tu des astuces pour s’en sortir ?

Non, il n’y a pas d’astuce ou de recette miracle. Ce qu’il faut c’est un bon entrainement, régulier et complet et ne pas hésiter à se remettre en question.

– Quelles sont pour toi les meilleures armes du quotidien pour se défendre ?

Sans verser dans le poncif, je dirais que les meilleures armes du quotidien ce sont celles qu’on a tous en soi, la volonté, la confiance en soi et une bonne connaissance des ses propres capacités.

Merci Benoît !