Christophe est un adhérent du Riviera Street Boxing, club affilié à l’Académie des arts de combat (ADAC). Cet été, alors qu’il était en croisière en Méditerranée avec sa femme et ses deux enfants, lors d’une escale à Tanger, il a été confronté à une agression avec arme blanche. Il nous livre son témoignage.
Je me trouvais donc en escale dans une rue de Tanger avec mon épouse et mes enfants. Il y avait beaucoup de monde lorsque notre attention a été attiré par des cris provenant de plusieurs personnes situées à une dizaine de mètres de nous. Sur le moment, nous ne savions pas trop ce qui se passait réellement lorsqu’ un individu avec le visage en sang et armé d’une grand couteau de type tanto (petit sabre japonais) arrive dans notre direction en courant.
Mon premier réflexe a été de dire à ma femme de se mettre à l’abri avec les enfants derrière des voitures de l’autre côté du trottoir. Elle m’a alors supplié de les suivre, mais je ne savais pas quelles étaient les intentions de cet homme, s’il était fou, s’il allait se jeter sur nous, si c’était un terroriste ou un voleur se sentant pris au piège ou même peut-être prendre quelqu’un en otage !
Vu les cris et l’agitation, j’ai donc décidé rapidement de bloquer la progression de cet homme vers l’endroit où se trouvait ma famille ainsi qu’ un autre groupe de touristes. Je me souviens également avoir mis en sécurité une dame qui se trouvait à proximité.
Tout s’est passé à la fois très vite, mais avec le sentiment d’avoir le temps de réfléchir à mes actions. Voyant cet individu s‘approcher dans notre direction avec son grand couteau à la main, j ai eu le réflexe de sortir ma ceinture pour le garder à distance et avec mon autre main de me servir de mon sac à dos comme d’un bouclier.
Ce qui est surprenant, c’est que tous les mécanismes que l’on travaille pendant les cours sont revenus : c’est-à-dire que j ai réussi à mettre la scène sur pause pendant un dixième de seconde (j ai vraiment eu le sentiment de me dire STOP et ANALYSE) et donc d ‘analyser la scène et la situation autour de moi afin de mettre en place une stratégie (scan de mon environnement, analyse de l »agresseur, identification des directions de fuite, de mon état et de l »attitude que je devais adopter).
L’individu s’est rapproché de moi. Je l’ai tenu à distance avec une réelle conviction. A ce moment là j’ai senti que j’étais déterminé à combattre et surtout à l’empêcher de passer dans la direction où se trouvait ma famille et le groupe.
Il s’est arrêté, m’a regardé et à commencer à crier en arabe. Je pense qu’il a vu dans mon attitude que j étais prêt à lui faire face. J’étais dedans.
Il a continué à crier en me regardant et il est parti en courant dans une autre direction. J’ai alors vu d’autres personnes tenter de le rattraper. Je me suis ensuite retourné vers ma famille : le groupe s’est reconstitué et nous avons été rapatrié rapidement vers le bateau.
Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de cette histoire : ce que cet homme avait fait et quelles étaient ses intentions. De retour sur le bateau, la pression et le stress sont redescendus et j’avoue que j’ai été malade pendant un petit moment. Après coup, mon corps a réagi brutalement.
Je ne sais pas si ma réaction a été la plus adaptée, mais je sais qu’a ce moment là, pour moi, c’était la meilleure solution à prendre pour protéger ma famille. Je suis pratiquant à l’ADAC depuis environ deux ans et je peux témoigner de l’importance des mises en situation dans les entraînements ainsi que de la préparation mentale.
Je ne savais pas si un jour, en situation réelle, j’aurais été capable de réagir comme on nous l’enseigne chaque semaine pendant les cours. Mais aujourd’hui, j’ai la réponse. Et je suis encore plus convaincu de l’efficacité de notre méthode.
Le mot du coach
Christophe est un élève assidu depuis deux ans et il a eu une belle progression. Il a d’ailleurs obtenu son grade de base cette année. Son point fort, c’est justement sa capacité à analyser les situations et s’adapter en fonction : ce qu’il fait toujours très bien à l’entraînement.
Son axe de progression reste la technique en combat et le développement de ses capacités physiques. C’est d’ailleurs son objectif pour cette saison 2016/2017. Je ne doute absolument pas en ses capacités à atteindre cet objectif. Ce retour d’expérience nous permet encore une fois de juger de l’importance du travail des mises en situation dans les entrainements ou lors des stages CATS qui permettent de developper notre sens de l’analyse et par conséquent d’adapter notre stratégie de défense à chaque situation.
Chaque entraînement en condition de rue et chaque scénario que nous mettons en place nous permettent de créer des schémas mentaux forts et efficaces et également de nous désensibiliser face aux effets du stress. C’est un des piliers important de l’enseignement de l’ADAC.
Merci Christophe pour ton témoignage.