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20 ans de l’ADAC – Episode 2 – La Boxe de rue

Comment en êtes-vous venus à incorporer la Boxe de rue à l’Académie des arts de combat ?

En travaillant des années sur la Savate Défense, j’avais constaté que les niveaux étaient devenus trop chargés techniquement. On a tendance à en rajouter au début, et comme il y a beaucoup de chemins qui mènent à Rome, on arrive assez facilement à se perdre dans la surenchère technique.

Ainsi, après 10 ans de bons et loyaux services auprès de la Fédération de Savate Boxe Française, j’ai voulu avancer seul. Rapidement, plusieurs personnes que j’avais formées au monitorat de Savate Défense m’ont suivi.

Les premiers furent Thierry Bruneaux et Lionel Georges qui créèrent l’ADAC 74 (qui se transformera plus tard en ADAC Haute-Savoie). Stéphane Munoz en Auvergne et Michel Benes en Isère leur emboitèrent le pas.

Je voulais absolument traiter la dimension psychologique de l’agression, chose que je n’avais pas pu amener à la commission de Savate Défense. Pour cela, j’ai conçu le Concept d’Adaptation Tactique en Situation (CATS).

J’avais trouvé le moyen de faire vivre des situations fictives (mais néanmoins stressantes) à mes élèves chez qui je percevais souvent une distorsion entre ce qu’ils supposaient être une réponse juste à une agression, et ce que je savais des situations réelles. Après cette expérience de simulation, ils ne voyaient plus les choses de la même façon et s’entraînaient de façon plus réaliste.

Evidemment j’ai également beaucoup travaillé à composer la méthode de self-defense spécifique à l’ADAC, que je voulais plus pragmatique que la Savate Défense, plus épurée et surtout, incluant des exercices sur le comportement et la psychologie. A l’époque, nous avons simplement appelé cela « ADAC Défense ».

Robert Paurel, concepteur de la Boxe de rueUn beau jour ensoleillé de mai 2005, alors que j’étais en compagnie de Michel Benes dans un taxi parisien, mon téléphone se mit à sonner. C’était l’ami Paturel qui me proposait de venir bosser avec nous. Déçu par la tournure qu’avait prise la FFTS, il l’avait quittée plusieurs années plus tôt et s’ennuyait un peu. Le gorille étant un être sociable et Robert ayant inspiré un grand nombre de mes recherches, je n’ai évidemment pas hésité une seconde, super heureux et honoré qu’il nous rejoigne.

Dans ses bagages il y avait la Boxe de rue. Après avoir pratiqué et échangé sur cet art nouveau qu’il venait de commencer à mettre au point, nous nous sommes aperçus que Boxe de rue et Adac Défense, c’était bonnet blanc et blanc bonnet. En toute logique, c’était assez normal : Robert ayant été celui qui m’a le plus inspiré quand j’ai monté la Savate Défense, je le côtoyais régulièrement et il m’indiquait les directions où mener mes recherches.

L’Adac défense était déjà bien structurée, avec trois niveaux définis, un protocole de passage de niveau et le CATS, en complément, pour la partie tactique.

Quant à la Boxe de rue, bien que récente, elle était déjà connue grâce à un DVD que Robert avait tourné et qui avait rencontré un gros succès. Nous avons donc choisi de fusionner les deux pour faire gagner du temps à tout le monde.

Michel Benes nous aida grandement à mettre tout cela au point. Ingénieur de formation, synthétique, pragmatique et créatif, il travaillait rapidement. Nous avons pu finaliser la méthode Boxe de rue assez rapidement.

A partir de là, Robert travaillera avec nous tout en gardant son autonomie et sa liberté ; « un électron libre » comme il aime à se définir.

Nous avons élaboré la méthode en cherchant davantage à inculquer des principes aux gens qu’en leur imposant des techniques au sens strict. Je m’explique. Un de nos principes, amené par Robert, est celui de fermeture de garde. Ainsi, on cherche à « fermer » un membre qui entre dans notre distance, c’est-à-dire à le pousser de l’extérieur vers le centre du corps de l’agresseur. Ceci afin d’être hors de portée d’une seconde attaque qu’il pourrait enchaîner et d’avoir de nombreuses options de ripostes envisageables.

Il s’agit d’une règle générale applicable dans la plupart des cas et, même si nous montrons des exemples, il y a plein d’autres possibilités. Nous encourageons donc les pratiquants à trouver « la meilleure façon de faire pour eux ».

Ce qui est intéressant, c’est que ce principe, découlant d’une observation tactique, s’applique aussi bien sur une poussée, un coup de poing, un coup de pied, une attaque avec arme, etc. Il ne s’agit pas d’une technique spécifique à une attaque donnée, mais d’un principe valable pour plein d’attaques, c’est donc très économique et pragmatique !

Liens

Le site de Robert Paturel

Le site Internet du club ADAC Haute-Savoie

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